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RIZIERE

18 mars 2011

Celle qui rit quand on.

Bernadette Soubiroute s'en allait sur la route, impétueuse et fringante, se rendant à son travail. Son lieu d'élection, voire de prédilection, était le domicile de Monsieur Burton, un anglais, de Londres.

Bernadette avait le patrimoine génétique un brin bousculé, Papa portugais, Maman écossaise. De son père elle tenait une pilosité luxuriante, également répartie entre son hémisphère nord et son hémisphère sud, qui l'obligeait mensuellement à rétrocéder à Mademoiselle Pilepoil, esthéticienne, une partie de ses émoluments. De sa mère elle avait hérité une conscience aigüe des vertues de l'épargne, qui lui donnait un bonheur de vivre sans commune mesure avec ces petits plaisirs triviaux, parfois même quadriviaux, que s'octroyaient ses copines, claquant leur fric dans des tubes de rouge à lèvres et des crayons à yeux, des vêtements déshabillant leurs corps de façon outrageante à la vue ( le papa de Bernadette lui avait transmis, non seulement beaucoup beaucoup de poils mais aussi une piété sans anicroche, une ferveur adorative pour Notre-Dame du Saint-Esprit, celle qui pleure quand on sourit).

Ce n'était certes pas le genre de Bernadette qui depuis la pré-puberté avait pris l'habitude, mais fût ce un choix ou une obligation conjoncturelle, nous ne le saurons jamais, de porter vêtements longs jusqu'aux chevilles zé aux poignets zé au menton, histoire de dissimuler ce que d'aucuns eussent pu prendre pour l'émanation sordide et révoltante d'une virilité non appropriée à cette massive, rustaude mais néanmoins jeune, fille. Ainsi que le proclamait toujours son papa : ne mélangeons pas les torchons et les serviettes et les vaches seront bien gardées.

C'est ainsi que naquit la vocation ancillaire de Bernadette. C'est ainsi qu'elle se rendit quotidiennement chez Mr Burton, de Londres, établi dans la campagne française ( en anglais : french campagnol ) à fin de profiter du change avantageux livre/euro. Bernadette, chez Burton, faisait le ménache, le lavache et le repassache. Elle s'acquittait de sa tache consciencieusement, apportant à son ouvrage ces petits perfectionnements que seul le libre consentement permet d'imaginer.

C'est ainsi que Burton la surprit un jour, à quatre pattes dans la baignoire, nue, rouge et transpirante, une brosse à dents dans la main droite. Burton, qu'un rendez-vous annulé avait restitué plus tôt que prévu à son domicile ( il était agent immobilier, c'était la crise ), embrassa le tableau d'un seul coup d'un seul et eut la Révélation. Il faut préciser, à ce stade, que par souci d'économie Bernadette avait sauté deux rendez-vous mensuels chez Mademoiselle Pilepoil. Burton eut ainsi la vision d'un être féminin, velu au-delà du possible ( et pourtant ), couvert d'une épaisse toison noire du cou jusqu'aux chevilles, ahanant à quatre pattes dans sa baignoire tout en effectuant de la main droite un mouvement de rotation en poussant de petits gémissements.

Burton sentit son coeur se crisper et son slip kangourou chercher les limites de son absence de stretch. Après quelques secondes d'atermoiement, il sauta le pas. Enjambant la baignoire, tout habillé ( il avait tout de suite réalisé qu'il ne pouvait réaliser avec la luxuriance de la pilosité de Bernadette, mettant ainsi en danger gravement son estime de soi, sa virilité, quoi ), il s'accroupit derrière la bête humaine qui astiquait frénétiquement le siphon au moyen d'une brosse à dents aidée par un peu d'ajax, et baissant la tête, il.

Bernadette, à qui un accouchement long et difficile avait valu un cerveau légèrement lésionné dû au manque d'oxygène, coincée longitudinalement dans la baignoire, la main droite dans le siphon, la main gauche en appui, déséquilibrée pour tout dire par l'occupation de sa partie postérieure, hésita un instant entre les larmes et le découragement. Puis la lumière se fit dans son esprit, elle se rappella cette maxime de sa maman bien-aimée, paix à son âme : dans l'adversité, le rire est le propre de l'homme, mais aussi et surtout le propre de la femme ( sa maman bien-aimée, paix à son âme, s'était laissée embrigader par les chiennes de garde, mal lui en prit, le portugais divorça, elle en mourrut ).

C'est ainsi que Bernadette Soubiroute, un jour d'Août, la main droite fourrageant le siphon, les poils de son corps collés les uns aux autres en une masse noire et luisante, pendant qu'un anglais au bord de la faillite lui prodiguait les premiers sacrements, apprit à rire et ne s'arrêta plus.


 

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13 février 2011

J'embrasse pas ********

Bernadette Scoubidou chewingnait sa gomme sur le sentier escarpé sa grotte en perspective tout là-haut là-haut dans la montagne. Quelqu'un sifflait. Un air étrange et pénétrant qui fit tressauter le petit coeur de Bernadette. La queue de cheval se balançant gaillardement de gauche à droite puis de droite à gauche, Bernadette poursuivit son effort. A coeur vaillant rien d'impossible. La nuit tombait. Une chouette hullula quelque part dans un arbre, un mouton herbagé roucoula. Un vol de chauve-souris traversa le sentier en formation triangulaire serrée. Le leader portait un ruban rouge autour du cou. La jupe de Bernadette balayait la terre, s'effilochait l'air de rien sur les caillasses. Encore une jupe de fichue pensait Bernadette. Sa maman, Huguette Scoubidou, mercière de son état, cousait des jupes à la chaîne. Trop longues très pudiques. Il s'agissait de dissimuler les deux splendides jambes de Bernadette, pour préserver sa virginité jusqu'au mariage. Bernadette s'en fichait, pas question de se marier. Pas folle, la guêpe. Sous sa jupe elle portait un délicieux panty rose orné aux cuisses de dentelle blanche piquetée de petits noeuds de satinette assortie au satin de la peau de ses cuisses. S'approchant de la grotte, Brenadette joignit ses mains en une prière fervente : Marie notre mère à tous, je t'en supplie, fais qu'Huguette meure que je puisse coudre mes jupes moi-même. Alors une voix puissante et cristalline ( cristalline, l'eau qui rend divine ) s'éleva qui dit : macache bonnot. Crève. Bernadette s'élança hors de la grotte et dégringola le sentier en gueulant : j'ai vu la vierge, j'ai vu la vierge. Arrivée à sa modeste demeure où elle déferla tel un tsunami, elle reprit sa respiration que la descente lui avait empruntée et conta l'histoire. Huguette, flairant la bonne affaire, tomba à genoux et baisa les effilochures jupesques de sa fille. Elle disa : c'est un miracle, c'est un miracle, c'est un miracle. C'est ainsi que Bernadette vivut sa vie seule et longuement jupée. On l'a nomma désormais ( désormais nous ne vieillirons plus zensem-bleu ) la miraculée de la gratte : les foules affluèrent, les tiroir-caisses tintinnabulèrent. Bernadette mourut seule, vieille et moche. Et riche. Aujourd'hui, si le coeur vous en dit, vous pouvez visiter le musée Bernadette Scoubidou. Il se trouve à Lourdes-Madonna ( Lourdes la Madonne ). Il est ouvert tous les ans pendant le mois de Mai uniquement. Vous admirerez l'immense collection des jupes de Bernadette. Vous noterez la quantité impressionnante de déshumidificateurs fonctionnant en permanence. C'est parce-que les larmes de Bernadette continuent de couler de ses jupes, menaçant le musée d'une inondation.


13 février 2011

Arlette Laguiole et le PA.PO.LI

Arlette Laguiole, surnommée Sex Pistol à l'insu de son plein gré par quelques individus sournois, ce genre de types prompts à dégainer la blague de mauvais goût ou le jeu de mot douteux, Arlette, donc, descendait marche à marche l'escalier de secours en béton mal décoffré de son immeuble neuf-troizien. Elle maugréait silencieusement à l'intérieur de sa tête : " font chier ces enfoirés d'ascensoristes branleurs feignants 3 jours qu'il est en panne ce putain d'ascenseur ". Le couteau sous la gorge , jamais elle n'aurait proféré ça tout haut, Arlette. C'est qu'elle avait voué sa vie à la défense des petits, des humbles, des salariés, bref la France d'en bas. Comme lui avait dit un jour sa maman : c'est-ton des-tin. Arlette avait d'ailleurs imaginé un nouvel hymne, sa Marseillaise à elle en quelque sorte. Ca commençait comme ça : on nous ment, on nous spolie, et puis ça partait en couplets et refrains agressifs et vengeurs, obsessionnellement dirigés contre les patrons, comme s'il pouvait y avoir des salariés sans patrons. Arlette, dans toute sa vie, n'avait jamais percu cette évidence: le contraire de patron, ce n'est pas salarié, le contraire de patron c'est : chômeur. Il faut dire qu'Arlette était un peu limitée intellectuellement. Entrée à 16 ans comme sténotypiste à la banque Tapis et Associés, elle avait progressé lentement, mais quand même, et 35 ans plus tard, la voilà chargée de gestion.

Belle réussite pour cette fille de pauvres gens, papa handicapé suite à une glissade un petit matin d'hiver, une plaque de verglas non dégelée sur le sol de l'usine. A l'époque, les Laguiole avaient déjà 7 enfants. Lorsqu'elle apprit l'accident, madame Laguiole pleura beaucoup. Beaucoup. Il n'y eut jamais de huitième enfant , et parfois, lorsque les cruelles servitudes de la vie domestique lui laissaient une heure ou deux de liberté, madame Laguiole sortait de son appartement HLM, tournait le coin de la rue, et le bras droit levé, le poing fermé, elle opérait un mouvement vertical de haut en bas en disant : yes ! . Puis elle reprenait contenance et s'en allait faire ses courses.

Arlette dans ses jeunes années était plutôt mignonne, ce qui n'échappa pas à certains de ses collègues de la banque Tapis, sémillants jeunes gens au cheveau luisant, le col de la chemise bien cassé sur le noeud, de cravate, mais elle n'eut jamais envie de reproduire le modèle familial, merci, mais non. C'est ainsi que dans une belle tentative de sublimation elle entra dans ce qui n'était à l'époque qu'une obscure association : le PA.PO.LI ( Parti pour la liberté ). Losrque les RG apprirent la chose, à la seconde même où elle prit sa carte de membre ( micros + infiltration ), ils en informèrent immédiatement la direction de la banque. C'est alors que le patron de l'époque, Jean-Bernard Tapis, eut cette idée de génie : puisqu'une de ses employées fricotait avec de louches individus orientés gauche-gauche toute, autant retourner la situation et l'utiliser avec profit. C'est ainsi que la banque Tapis fut, 40 années durant, la seule banque française abritant en son sein une vipère, une ennemie salement gauchiste, qui pourtant ne démissionna jamais. Tant d'indulgence, d'ouverture d'esprit et pour tout dire de bienveillance à l'égard de celle qui devint la porte-parole du PA.PO.LI fit gagner à la banque de telles parts de marché que l'état français, en remerciement des services rendus ( ce n'est pas tous les jours qu'on dégote une oie pareille, qui cautionne à ce point le grand capital ), privatisa ce bijou bancaire, offrant les bénéfices à quelques amis, tout en n'oubliant pas d'offrir les dettes à 60 millions de français.

C'est tout ça qui lui zigzaguait dans la tête à Arlette pendant qu'elle descendait l'escalier, le regard attiré comme à chaque fois par les dessins écologistes qui fleurissaient sur les murs, de gros concombres accompagnés de grosses tomates, une à gauche, une à droite, et Arlette pensait que les jeunes d'aujourd'hui sont sensibles à l'importance de bien se nourrir, 5 fruits et légumes par jour, sans oublier les pesticides. Ce qu'elle ne s'expliquait toujours pas, ce sont les mots qui accompagnaient systématiquement ces dessins. Elle en avait conclu que les jeunes d'aujourd'hui connaissent l'anglais, en tout cas le verbe mordre, mais certains autres mots, s'ils lui étaient connus en français, la laissait perplexe. Ce matin-là, pourtant, elle réalisa que les jeunes de la cité étaient d'origines fortement disparates, et que sans doute ils pratiquaient encore certains dialectes exotiques peu usités dans nos contrées. Voilà qui était émouvant. Arlette Laguiole, qui n'avait jamais renié ses origines, sentit son petit coeur s'ouvrir et ses poumons se dilater. Un sourire immense éclaira son visage, et tandis qu'elle prenait pied sur le carrelage du hall de l'immeuble, elle prononça ces mots à voix haute : la vie est belle, merci mon Dieu.


23 juin 2008

Ass

A l'air méchant celui-là un vrai loup des Karpates féroce mangeur d'hommes et de femme.

En vrai un nounours en chocolat avec de la guimauve dedans comme on achète chez le marchand de bonbons quand on est petit et quand on est grand. Un nounours. Un doudou. Comme quand on est petit pour dormir pas avoir peur dans le noir.

Un truc qu'on attrape et ohhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhh qu'on tient serré fermement sous son bras ou qu'on tient par n'importe où un pied une oreille

qui tient chaud l'hiver quand il fait froid et chaud l'été quand il fait chaud.

Poil au dos

Scié


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